Paris, je l’aime et je la déteste.
Pourquoi « la » ? qui a décrété que Paris
serait une femme et non un homme ? Mais je m’égare…
J’ai passé deux années là-bas, deux années à parcourir les
allées sombres du métro, deux années à voyager d'un lieu à l'autre en adoptant le mode de vie parisien...
Ce serait mentir si je disais que je regrette d’en être
partie. Non, c’est plus compliqué…
Dès le début, cette ville a exercé une fascination sur la
pauvre petite provinciale que j’étais.
Ses innombrables rues, ses multiples monuments, son
architecture sans parler des lieux symboliques.
Offrez un terrain de jeu de 105km² à un enfant et vous
verrez ses yeux.
Voilà, le ton était donné, je débarquais à pieds joints dans
ma nouvelle existence.
Et alors ca a été le tourbillon. Combiné à la routine qui s’instaurait
avec les études (traverser la ville chaque jour via le métro), je me suis
laissé entraîner les yeux et les oreilles grands ouvert, carnet et stylo en
main.
C’est fou comment tout se rejoint, comment chaque petit
élément recèle une part d’originalité, d’idée, surtout lorsqu’on porte un
regard tout neuf, comme je l’ai fait.
Observer les voyageurs grappés autour des panneaux indicateurs,
les yeux levés comme si leur salut tenait sur ces chiffres numériques,
détailler avec soin les regards fuyants de mes compagnons d’un métro, découvrir
que Bastille sent mystérieusement la carotte…
Je veux dire, c’était tout un monde qui s’offrait à moi, et
je notais, notais…
Alors oui, le métro a été la caractéristique essentielle
dans mon amour pour Paris. Certes, c’est un lieu sale et aux mille et une odeurs,
je ne contredirai pas cela (et je plains les touristes qui débarquent à Gare du
Nord, oh oui je les plains !)
Mais ca a surtout été mon lieu d’exutoire, où le casque sur
les oreilles et le carnet à la main, je refaisais le monde, caricaturant tel
passager, notant telle anecdote ou attrapait au vol telle idée me passant par
la tête ; le tout bercés par le mouvement de la rame.
Evidemment il y a eu des moments de saturation complète, de
pétage de câble même : trop de foule, de bruit, un long trajet avant
de rentrer (1h30) un ciel gris et une atmosphère viciée, à l’extérieur comme en
sous-sol.
J’ai pu goûter à cette exaspération collective, devenant moi aussi l’espace
d’un instant un autre de ces fantômes aux yeux hagards et désorientés.
Mais comment passer à coté de tous les autres moments, ou
libérés du joug de l’IUT, nous nous évadions le temps d’un après-midi, d’une
soirée ?
Encore une fois, monter sur l’arc de triomphe la nuit, avec
autour de nous le ballet des lumières, s’asseoir sur les quais au vent cinglant
et regarder les rats courir, retourner à Saint-Michel, et refaire encore et
encore les mêmes boutiques : Gibert, Boulinier… Déambuler au hasard dans
les rues, découvrir le 13e arrondissement, partir à la recherche des
maisons d’éditions : se perdre et tomber sur d’autres rues inconnues,
passer au dessus de la Seine par le métro aérien, marcher dans les bourrasques
givrantes du Pont du Garigliano, voir la Tour Eiffel sous toutes les coutures,
pour ne plus la voir du tout, repérer les stations fantômes, faire les Salons, courir pour avoir le dernier
métro, connaitre par cœur les boutiques du Carrousel du Louvre, observer chez
les gens à travers les fenêtres du métro, traverser la rue « à l’ardéchoise »,
découvrir les jeux pour enfants incroyablement dangereux des Tuileries, le Pont
des Arts, scruter l’intérieur des vitrines d’exposition dans le quartier de
Saint Germain la nuit, se jeter dans le
dernier train et regarder les lumières par la fenêtre…
Tout ça, encore une fois.
Maintenant que je suis loin, je revis ces moments et je
réalise que quelque chose a définitivement disparu, que si je reviens ce ne
sera plus pareil, c’est une partie de mon existence, une page tournée comme
diraient ceux aux âmes de poète.
Nostalgie :'( Ton texte est un peu triste, Paris me manque ><
RépondreSupprimerÇa m'a ému.
RépondreSupprimer